Histoire,
par Gérard Bossiére. 1e partie
La
situation
de
L’Arménie
entre
Europe
et
Asie
se
situe
à
un
carrefour,
il
en
résulte
qu’elle
s’est
trouvée
être
un
champs
de
bataille
pour
les
grands
empires
d’Orient
et
d’Occident.
L’Arménie
actuelle
ne
recouvre
qu’à
peine
un
dixième
du
territoire
que
les
arméniens
considèrent
comme
leur
territoire
national
historique.
Il
résulte
d’une
histoire
très compliquée de près de 3000 ans difficile à exposer en peu de mots.
Nous
invitons
donc
le
lecteur
à
se
reporter
par
exemple
à
l’ouvrage
de
C.
Mouradian,
(1995),
L’Arménie.
PUF,
collection
Que
sais-je
ou
Histoire
des
Arméniens
sous
la
direction
de
G.
Dedeyan,
Ed.
Privat1992,
seules
les
grandes
lignes
sont
données
ici.
De
l’Antiquité
à
la
conquête ottomane
Avant
l’Arménie
9-6
ème
siècle
avant
JC
émerge
le
royaume
Ourartéen,
ou
royaume
de
Van,
qui
va
devenir
une
puissance
régionale
dominante,
ensuite
il
va
devenir
vassal
de
l’Assyrie,
puis
de
l’empire
des
Mèdes
(612),
avant
de
disparaître.
Les
Arméniens
déjà
présents
depuis
la
fin
du
7ème
affirment
leur
présence.
Vers
547
l’Empire
Achéménide
(Cyrus)
la
domine,
puis
décline
au
4
ème
siècle,
vaincu
par
Alexandre
(331-333).
Par
la
suite
les
satrapes
d’Arménie
vont
se
proclamer
indépendants
(dynasties
royales
des
Artaxiades
et
Zariadrides).
La
dynastie
artaxiade
atteint
son
apogée
avec
Tigrane
II
le
Grand
(95-55)
qui
constitue
un
Empire,
le
seul
que
les
arméniens
aient
eu,
mais il ne dure que 15 ans et la dynastie s’éteint vers 10 après JC. Il n’empêche les arméniens lui sont très attachés !
Le
royaume
arsacide
(52-428)
se
caractérise
par
une
période
de
co-domination
romano-parthe,
chaque
camp
essayant
de
mettre
sur
le
trône
un
souverain
à
sa
convenance.
La
Petite
Arménie
ou
Arménie
Mineure
est
sous
l’influence de Rome, la Grande Arménie ou Arménie Majeure sous celle des Parthes.
La
conversion
de
l’Arménie
au
début
du
4
ème
siècle
(301),
au
christianisme
(église
apostolique),
la
rapproche
du
monde
gréco-romain.
Les
controverses
et
les
rivalités
des
sièges
patriarcaux
vont
conduire
l’Arménie
à
refuser
le
chalcédonisme orthodoxe et séparer l’Arménie des autres chrétientés du Caucase, avalisée en 609.
La
dynastie
arsacide
disparaît
en
390
(à
l’ouest),
et
en
428
(à
l’est),
ce
qui
aboutit
à
la
création
de
ce
J.P.
Mahé
(1993)
nomme une « Eglise- nation » qui devient la seule institution commune entre les influences des Byzantins et des Perses.
Au
7
ème
siècle
la
naissance
de
l’Islam
bouleverse
la
situation
politique,
entre
640
et
661
la
domination
arabe
se
substitue
à
celle
de
Byzance.
Le
statut
de
l’Arménie,
sous
la
direction
d’un
ichkan
arménien,
lui
permet
la
liberté
religieuse
mais
ils
doivent
payer
un
tribut
annuel.
Par
la
suite
une
administration
arabe
se
met
en
place
avec
un
gouverneur
arabe.
Des
luttes
interviennent
et
finalement
2
familles
princières
émergent
les
Bagratides,
au
nord
et
les
Artzouni
au
sud.
La
première
va
devenir
la
plus
puissante
et
finalement
en
884-885
le
titre
de
«
Roi
d’Arménie
»
est
donné à Achot 1er.
C’est
le
début
d’une
période
très
brillante,
un
âge
d’or
culturel
qui
va
être
interrompu
par
l’expansionnisme
des
Byzantins
qui
ont
vaincu,
en
717,
les
arabes
à
Constantinople.
Ils
entreprennent
au
milieu
du
9ème
une
reconquête
sous
les
«
macédoniens
»,
d’origine
arménienne,
pour
reconstituer
«
l’Empire
Romain
Intégral
».
En
1064
les
Seldjoukides
vont
envahir
le
Caucase
et
l’Asie
Mineure
et
provoquer la fuite de nombreux arméniens.
Une
nouvelle
page
de
l’histoire
arménienne
s’ouvre,
les
peuples
turcs
vont
envahir,
par
vagues
un
territoire
immense.
Au
12
ème
siècle
les
Bagratides
de
Géorgie
et
l’arrivée
de
la
1ère
croisade
permet
la
reprise
de
l’Arménie
du
nord.
Mais
les
invasions
des
héritiers
de
Gengis
Khan
(1236)
et
surtout de Tamerlan (1386-1405) y mettent fin.
Les
migrations
vident
progressivement
la
Grande
Arménie
et
c’est
ainsi
que
va
naître,
hors
Arménie,
un
royaume
de
Cilicie,
dont
l’aventure
commence
dès
1070,
à
l’aube
de
l’ère
des
croisades.
Les
grandes
heures
du
royaume
seront
sous
les
règnes
de
Léon
1er
le
Magnifique
(1198-
1219)
à
Héthoum
1er
(1226-1269).
Mais
1266
les
Mamelouks
(sultans
turcs),
d’Egypte
dévastent
la
Cilicie
et
ouvre
la
porte
de
la
fin
du
royaume.
Finalement
en
1375
lorsque
Léon
V
de
Lusignan
(mort
à
Paris
en
1393),
est
vaincu
le
Royaume
de
Cilicie
né
avec
les
Croisades
disparaît
avec
elles.
L’Arménie
n’a plus de relations avec la chrétienté occidentale.
Domination ottomane
Le
16ème
siècle
correspond
à
la
disparition
du
dernier
royaume
souverain
et
des
princes
de
Grande
Arménie,
le
jeu
d’équilibre
Est-Ouest
n’est
plus
possible.
A
la
suite
de
divers
conflits
et
de
domination
chi’ite
puis
sunnite
le
pays
passe
finalement
sous
domination
ottomane.
La
Grande
Arménie
est
à
feu
et
à
sang,
en
1605,
50
000
arméniens
du
Nakhitchevan
sont
déportés
par
Chah
Abbas
1er
et
réinstallés
près
d’Ispahan
(Nouvelle
Djoulfa).
A
ce
sujet
on
peut
lire
l’ouvrage de A. Tokatlian : Kalantars, les seigneurs arméniens dans la Perse Safavide, Geuthner, 2009.
Cette
période
va
avoir
de
grandes
conséquences
sociologiques,
les
crises
vont
se
succéder.
D’une
façon
générale
l’islamisation
et
la
turquisation
des
arméniens
du
plateau
anatolien
va
aller
s’amplifiant,
il
y
aura
des
conversions
forcées
ou
opportunistes…
Dans
cette
société
les
non-musulmans
sont
des
dhimmi,
car
«
gens
du
Livre
»,
mais
simplement
tolérés.
Jusqu’au
début
du
19ème
3
000
000
d’arméniens
restent
implantés
en
Anatolie
orientale.
Une
société
urbaine se développe. La capitale impériale comptera 160 000 arméniens en 1831.
L’unité
de
la
société
arménienne
se
fait
autour
du
sentiment
religieux
mais
elle
est
divisée
en
plusieurs
catholicossats
et
patriarcats.
Les
maisons
de
commerce
arméniennes
se
développent
dès
le
16ème
siècle
le
long
des
grandes
routes
commerciales,
mais
le
grand
essor
date
du
milieu du 17 ème .
Lorsque
les
ottomans
sont
arrêtés
aux
portes
de
Vienne
(1699)
la
Russie
est
à
la
recherche
de
ses
frontières
naturelles.
En
1722
les
derniers
représentants
des
dynasties
du
Karabagh
tentent,
en
vain,
une
insurrection.
Au
début
du
19ème
l’expansion
russe
dans
les
Balkans
et
le
Caucase
va
bouleverser
la
région.
Après
30
ans
de
guerres
la
Russie
annexe
l’Arménie
orientale
(1813),
puis
les
régions
de
Kars
et
Ardahan
sont
conquises en 1877-78. La frontière avec l’empire ottoman puis la Turquie restera litigieuse jusqu’au 20ème siècle.
Les
Arméniens
dispersés
dans
la
région,
sujets
persans
et
ottomans,
sont
autorisés
à
s’installer
dans
les
frontières
de
l’empire
tsariste.
Les
arméniens
à
peine
20
000
dans
la
province
d’Erévan
en
1827,
seront
700
000
à
la
fin
du
siècle
et
près
de
1
800
000
dans
tout
l’empire
russe
à
la
veille
de
la
guerre
de
1914/18.
A
l’inverse
un
chassé
croisé
de
déplacement
de
peuples va se produire vers l’Anatolie.
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